La fusion TF1-M6 aura-t-elle vraiment lieu ?

«Les conditions seront trop drastiques» : la fusion TF1-M6 aura-t-elle vraiment lieu ?
L’Autorité de la concurrence va rendre un premier avis sur ce dossier brûlant d’ici la fin du mois de juillet.


Par Benjamin Meffre - Le Parisien
Le 21 juillet 2022 à 06h08

« Je pense qu’elle ne se fera pas. » En ce matin du 7 juillet, ce grand producteur de télévision, bien introduit à TF1 et personnellement favorable à la fusion avec M6, ne semble plus guère se faire d’illusions. Annoncé en mai 2021, le mariage historique entre les anciens frères ennemis du PAF pourrait bien ne jamais se concrétiser.

Il n’est pas la seule personnalité des médias interrogée à envisager désormais un tel échec. « Tout le monde me dit que la fusion n’aura pas lieu », commente ainsi un patron d’un géant français du numérique. « On me dit aussi que c’est mal parti », abonde un cadre de France Télévisions, bien au fait du dossier. « Les conditions imposées à TF1 et M6 pour fusionner seront trop drastiques », pronostique-t-il.

« Chambre commune, pas séparée ! »

Signe de l’inquiétude ambiante selon certains, Nicolas de Tavernost, actuel patron du groupe M6, est récemment sorti de sa réserve. « Nous ne ferons pas la fusion à n’importe quel prix ! Nous voulons bien nous marier avec TF1, mais nous voulons faire chambre commune, pas séparée ! » a-t-il mis en garde le 28 juin dernier, en marge d’une conférence de presse.

Une « carte postale » envoyée directement à l’Autorité de la concurrence (ADLC), l’institution publique indépendante qui devra décider si cette union entre TF1 et M6 peut se nouer, et surtout, en échange de quelles contreparties. D’ici fin juillet – le vendredi 22, selon plusieurs sources – ses services publieront un premier avis confidentiel sur le sujet. Le fruit de plusieurs mois de travail pour évaluer l’impact de la naissance éventuelle d’un mastodonte pesant près de 70 % du marché publicitaire télé français. Et en cas de feu vert, imaginer les éventuelles nouvelles règles du jeu : régies publicitaires séparées, achats de programmes distincts, en plus de l’abandon déjà acté de TFX et 6ter.

« Notre espoir, c’est que le marché pris en compte par l’ADLC ne se limite pas à la télévision, mais soit élargi au numérique où nos groupes sont des nains comparés aux géants comme Google, Disney ou Amazon », décrypte un cadre de M6, pour qui la récente conversion de Netflix à la publicité justifie plus que jamais la fusion.

« Personne ne sait aujourd’hui ce qu’il va se passer »

Même s’il est négatif pour TF1 et M6, ce premier avis de l’ADLC ne signera pas pour autant la mort du projet de fusion. C’est en effet au Collège de l’Autorité de la concurrence, une assemblée de 17 représentants des sphères publique et privée, qu’il appartiendra de rendre la décision finale dans ce dossier épineux. Attendu d’ici la deuxième quinzaine d’octobre après audition des représentants de TF1 et M6 début septembre, son verdict pourra prendre le contre-pied de l’avis de ses propres services. Cela avait déjà été le cas en 2016 lors du mariage entre la FNAC et Darty. Contactée, l’ADLC a refusé de répondre à nos questions.

« Avec ses sorties récentes, Nicolas de Tavernost cherche juste à mettre un maximum de pression sur l’Autorité de la concurrence avant la publication de cet avis », décrypte un vieux routard des médias travaillant pour un groupe privé concurrent. Et de résumer : « La vérité, c’est que personne ne sait aujourd’hui ce qu’il va se passer. Ceux qui disent le contraire mentent. »

Si la fusion capote, mauvais coup aussi pour Altice qui voulait rafler TFX et 6TER.